Le projet
l'événement des 17, 18 et 19 mars 2016 à Québec
Les 17 et 18 mars 2016, Rhizome et ses partenaires, la Maison de la littérature et Le Lieu – centre en art actuel, ont proposé un mini festival construit autour de la figure légendaire Bernard Heidsieck. Cet événement fut à la fois un hommage et un regard sur la pratique actuelle, tant dans sa richesse que dans sa diversité, de la poésie-action et de la poésie sonore aujourd’hui.
Durant deux jours, à la Maison de la littérature, le public pouvait visionner un documentaire intitulé Bernard Heidsieck : la poésie en action, assister à des discussions sur l’illustre Heidsieck, à des conférences et une table ronde sur l’importance et l’influence de l’oralité en littérature et, surtout, vivre l’expérience de performances en lien avec sa poésie… réalisées par des poètes du Québec, de France et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le programme était chargé et nos synapses se sont activées : banquier de jour et poète la nuit, Heidsieck laissa des traces de sa vie nocturne. Son impact fut d’envergure, nous avons pris la peine de nous y attarder.
Mot de Rhizome
« Le poème, il faut le mettre debout », voilà une expression que Bernard Heidsieck —banquier de jour et poète de nuit— a beaucoup utilisée. «Debout, ça ne signifiait pas qu’il fallait absolument le lire debout, on pouvait très bien lire assis ou en marchant ou à genoux comme je l’ai fait ou derrière une table ou sans table, debout cela signifiait qu’on voulait situer le poème dans l’espace face à un public. »
En France, 1958 est l’année où, sans le savoir ni se consulter, Henri Chopin, François Dufrêne, Brion Gysin et Bernard Heidsieck créent la poésie sonore européenne. Outre leur inventivité respective, on peut attribuer la trouvaille, en partie du moins, à la disponibilité du magnétophone sur le marché, lequel permettra à des individus d’échantillonner et de mettre en jeu leur propre voix, diffusée en différé, avec la lecture en direct. 1958 marque donc, en poésie, le début d’une révolution magnétique dont le numérique ne sera en quelque sorte que le prolongement.
Heidsieck —poète, plasticien et banquier — ne tardera donc pas à tisser sa propre voix avec des enregistrements de celle-ci. Ce faisant, il entrainera à sa suite tout un mouvement. Parmi les artistes qu’il inspirera, Anne-James Chaton, souvent considéré comme son fils spirituel, demeure l’un des plus importants représentants de ce mouvement à ce jour.
Plus tard, Heidsieck préfèrera au terme « poésie sonore » celui de « poésie action ».
Quoi qu’il en soit, ses congénères et lui ont laissé un héritage qui étire ses ramifications jusqu’à aujourd’hui, jusqu’au Québec.
Rhizome, la Maison de la littérature et Le Lieu, centre en art actuel proposent un événement retraçant une partie des héritiers de Bernard Heidsieck en Belgique, en France et au Québec. Avec Jean-Pierre Bobillot (Fr), Richard Martel (Qc), Anne-James Chaton (Fr), Renée Gagnon (Qc), André Marceau (Qc), Chantal Neveu (Qc), Jonathan Lamy (Qc), Jean-Yves Fréchette (Qc), Éric Therer (Be) et Philippe Franck (Be).
Sur trois jours, la programmation s’articule autour de la projection du documentaire Bernard Heidsieck, la poésie en action, suivie d’une classe de maître le jour suivant.
Bernard Heidsieck est décédé le 22 novembre 2014, quelques jours après la sortie dudit documentaire.
Simon Dumas, directeur général artistique de Rhizome
Le programme d'activités |
Mot des partenaires
Mot de la Maison de la littérature
J’ai un souvenir indélébile du travail de Bernard Heidsieck, découvert en 1988 lors d’Immedia Concerto, ce festival organisé à Québec par Le Lieu. C’est grâce à lui que la poésie sonore s’est imposée à mes oreilles et à mes sens. Sur scène, un homme investi par l’exploration poétique, s’appuyant sur ses propres capacités vocales, utilisant les technologies de reproduction audio de l’époque, nous menait dans un univers performatif personnel et original.
Quelle maîtrise, quelle intelligence, quelle énergie !
Quand Rhizome, avec Le Lieu, a proposé d’organiser deux jours de programmation sur Heidsieck, auxquels participeraient des artistes investis aujourd’hui dans la poésie sonore, mon adhésion a été immédiate. La Maison de la littérature devait ouvrir ses portes à cet univers qui remodèle les frontières de l’écriture et du littéraire.
Bernard Gilbert Directeur, Maison de la littérature L’Institut Canadien de Québec
Mot du Lieu - centre en art actuel
Le Lieu s’est associé rapidement au projet de cet «hommage» à Bernard Heidsieck aussi parce que ce dernier est venu à quelques reprises à Québec, notamment à Immédia Concerto en 1988 et lors de la tenue du Polyphonix # 16 en 1991, deux festivals que nous avions organisés. Comme coordonnateur du Lieu, mais aussi comme «praticien» de cette discipline que sont la performance et l’art action, j’ai côtoyé à plusieurs reprises B.H. en France surtout et à diverses périodes. J’ai toujours apprécié ses prestations sonores pour l’originalité et la présence scénique de ce protagoniste de la «poésie action». Mettre le poète et son poème «debout» m’a toujours stimulé et nous avons à quelques reprises publié ses textes dans notre revue INTER, art actuel. Il était donc justifié de nous associer à cet «hommage à Bernard Heidsieck ».
Richard Martel, Directeur artistique du Lieu
Artistes
Jean-Pierre Bobillot (FR)
«POète bruYant», Jean-Pierre Bobillot pratique en studio la «re/création sonore» et la «lecture/action» en public, performant en solo, en duo ou au sein de diverses formations, en France et dans plusieurs autres pays, notamment en Belgique, en Suisse, aux États-Unis et au Canada. Il a codirigé le colloque Poésie sonore / Poésie action (1999) avec Bernard Heidsieck. Il a aussi créé, avec la danseuse Marie-Aline Villard, Poèmes criés et dansés (2008). Essayiste, et professeur d’université, il est notamment l’auteur de Bernard Heidsieck Poésie Action (1996), puis également des recueils Y a-t-il un poème dans le recueil? (2009), Prose des Rats (2009), News from the POetic front (2011) et Janis & Daguerre (2013).
Anne-James Chaton (FR)
Écrivain, performeur, poète sonore, Anne-James Chaton a livré de nombreuses performances et vu ses travaux visuels et plastiques faire l’objet d’expositions individuelles et collectives en France et à l’étranger. Auteur de plusieurs livres, dont Événements 99 (2001), Questio de Dido (2008), Événements 09 (2011) puis Décade (2012), il a créé et codirige le festival Sonorités à Montpellier. Il a également réalisé des pièces pour la 64e édition du festival d’Avignon et pour le festival Uzès Danse de 2013, de même que collaboré à la publication d’albums du groupe post- rock hollandais The Ex, puis de l’artiste allemand Alva Noto. En 2009, il a formé avec ce dernier et Andy Moor le trio Décade. La même année, il lance le projet Icônes avec le chanteur-compositeur Nosfell et forme le trio Heretics.
Philippe Franck (BE)
Historien de l’art, producteur, concepteur et critique culturel, créateur intermédiatique et sonore, Philippe Franck est à la direction de Transcultures, en plus d’être le fondateur et directeur artistique du festival international des arts sonores City Sonic et de la biennale Transnumériques. Il a été commissaire artistique de plusieurs manifestations d’arts contemporains, audio, hybrides et numériques en Europe, Amérique du Nord et Afrique du Nord. Professeur d’arts numériques écrivant dans diverses publications culturelles belges et françaises, il coordonne les Pépinières européennes pour Jeunes Artistes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Depuis 2010, au manège.mons, il était responsable des musiques urbaines, des arts sonores et de la création interdisciplinaire. Il fait partie du duo de performance & Stuff avec Éric Therer.
Jean-Yves Fréchette (QC)
Pendant 35 ans, Jean-Yves Fréchette a enseigné la poésie et la communication. Concepteur de logiciels éducatifs, il dirige aujourd’hui l’Institut de twittérature comparée de Québec-Bordeaux, puis siège aux conseils d’administration de l’Institut de gouvernance numérique et de Rhizome. Il vient de faire paraître deux recueils, Tweet rebelle (2011) et, avec Patrick St-Hilaire, Ne sois pas effrayé par le pollen dans l’œil des filles (2015). En collaboration avec le Centre de la Francophonie des Amériques et le Musée de la civilisation, il travaille actuellement sur des problématiques liées à la pédagogie de l’écriture mobile.
Renée Gagnon (QC)
Cofondatrice de la soirée de poésie Argument:Béton ainsi que la revue de poésie montréalaise C’est selon, dont elle a été corédactrice en 2004-2005, les textes de Renée Gagnon ont paru dans différentes revues, notamment Le Quartanier, Exit, Zinc, Fusées, If et Boxon. Elle a écrit deux livres, Des fois que je tombe (prix Émile-Nelligan 2005) et Steve McQueen (mon amoureux) (2007), qui a donné lieu à un spectacle solo multimédia. Elle participe également à de nombreuses lectures publiques au Québec, ainsi qu’à l’étranger. Depuis quelque temps, elle travaille la vidéo et l’audio.
Jonathan Lamy (QC)
Poète, performeur, doctorant interdisciplinaire en sémiologie, chercheur et critique, Jonathan Lamy a été chercheur postdoctoral à l’Université du Québec à Chicoutimi et à l’Université Laval. La poésie sonore, la poésie action et l’intervention dans l’espace public se conjuguent dans sa pratique en performance. Membre des comités de rédaction d’Inter, art actuel et de la revue de poésie Exit, il est aussi conseiller littéraire pour Mémoire d’encrier, responsable de la vidéopoésie pour le Festival de la poésie de Montréal et cofondateur des Productions Arreuh. Certains de ses poèmes ont été traduits à la fois en anglais et en mandarin, puis une cinquantaine de ses textes ont été publiés dans diverses revues et ouvrages collectifs. Il est l’auteur de Le vertige dans la bouche (2005), Je t’en prie (2011) et La vie sauve (2016).
Richard Martel (QC)
Cofondateur du centre en art actuel Le Lieu et de la revue internationale Inter, art actuel, directeur des éditions Intervention, artiste interdisciplinaire et théoricien, Richard Martel est un activiste de l’art action ayant participé à des performances, interventions et rencontres théoriques au Canada, au Mexique, en Europe, en Asie, au Canada et en Amérique du Sud. Il est également critique et organisateur d’expositions, de festivals et de rencontres. L’art dans l’action / l’action dans l’art, un essai rassemblant ses textes et éléments théoriques rédigés entre 2002 et 2012 au regard de l’activité artistique dans ses rapports culturels, sociaux et politiques, est paru en 2012 aux Presses du réel.
André Marceau (QC)
Poète performeur multidisciplinaire actif sur la scène Slam de Québec, fondateur du Tremplin d’actualisation de poésie (TAP) et des Vendredis de la poésie — qu’il anime toujours —, André Marceau pratique la poésie de façon transdisciplinaire depuis plus de quinze ans. Principal défenseur d’une poésie performée et vivante dans la région de Québec, il y a introduit en 2007 le slam de poésie. André Marceau a contribué à des compilations en musique actuelle et en poésie sonore (dont deux disques collectifs de poésie vivante ainsi qu’un disque solo, Pop sac-à-vie), participé à plusieurs expositions collectives et présenté une centaine de performances. Il a publié de brefs essais sur la poésie actuelle, des recueils de poésie et de haïkus, ainsi que de la poésie visuelle. Il a aussi collaboré à deux anthologies sur la poésie slamée à Québec et les slameuses du Québec.
Chantal Neveu (QC)
Écrivaine et artiste interdisciplinaire, Chantal Neveu œuvre sur différentes scènes et tribunes littéraires et artistiques, poursuivant et explorant une démarche singulière vers une poésie engagée. Elle est l’auteure de mentale (2009) et coït (2010), Une spectaculaire influence (2010), de même que de nombreux projets textuels interdisciplinaires, dont Passing au sein du collectif Laboratoire parcellaire. Membre de l’UNEQ, lauréate de nombreuses résidences internationales dont Passa Porta en 2010 et la Villa Waldberta de Munich en 2013, elle fait partie du groupe de recherche et création Stratégies artistiques de spatialisation du savoir de l’Université Laval. Elle y poursuit son expérimentation littéraire basée sur le scriptage - une méthode de notation «en présence» et «sur place». Dans le cadre d’une résidence et d’une production Web, elle a aussi exploré des variations audio et hypertextuelles de son texte Ce qui arrive (2005).
Éric Therer (BE)
Auteur, éditeur, performeur, véritable entomologiste de la parole quotidienne, Éric Therer fait partie du duo liégeois Ordinaire avec le musicien Stephan Ink. Ce duo de performance audio-poétique emprunte à notre quotidien des images et des sons qui sont ensuite détournés et poétisés, avec humour et dans une esthétique “low-tech”. À la fin des années 80, Therer a fondé avec l’artiste en arts sonores Philippe Franck le duo de performance-création & Stuff. Le duo est revenu sur scène en 2015, dans le cadre de performances livrées dans des espaces d’arts plastiques et d’autres lieux musicaux alternatifs.
Vidéos
Performance de &Stuff (Be), duo composé d'Éric Therer et de Philippe Franck, le 18 mars 2016
Performance de Jean-Pierre Bobillot (Be) le 18 mars 2016
Performance d'Anne-James Chaton (Fr) le 18 mars 2016
Performance de Jean-Yves Fréchette (Qc) le 18 mars 2016
Performance de Renée Gagnon (Qc) le 18 mars 2016
Performance de Jonathan Lamy (Qc) le 18 mars 2016
Performance d'André Marceau (Qc) le 18 mars 2016
Performance de Richard Martel et Frédérique Hamelin (Qc) le 18 mars 2016
Partenaires
L’événement Heidsieck, écrire à haute voix est une production de Rhizome, en partenariat avec la Maison de la littérature de Québec et Le Lieu - centre en art actuel.
Le projet fut rendu possible grâce à la collaboration de Transcultures et du Bureau des affaires poétiques pour le Mois de la Poésie.
Les partenaires remercient pour leur soutien financier :
Le Conseil des arts et des lettres du Québec
L'Entente de développement culturel intervenue entre le ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Québec
Le Conseil des arts du Canada
La IXe Commission mixte permanente Québec/Wallonie-Bruxelles 2015-2017 soutenue par le ministère des Relations internationales du Québec et Wallonie- Bruxelles International
La mesure Première Ovation