Le projet
En 2005, Bertrand Laverdure et son collectif de poètes «petits villageois» ce sont associés à Rhizome pour donner un second souffle au projet. Il s’agissait cette fois d’accompagner les poètes pour une seconde incursion créatrice dans leur village. Rhizome a fourni le soutien matériel et technique nécessaire pour la réalisation d’un tournage. Le but était de collecter du matériel vidéo et sonore pour une éventuelle production. Au fil de la création, il s’est avéré qu’il s’agirait de la production de six courts métrages d’art. Voici comment Bertrand Laverdure décrit l’entreprise :
Obsédé par le cinéma et la vidéo, l’éditeur, toutefois, cédant à l’enthousiasme de ses auteurs (et à ses propres lubies) a osé, en 2005, réitérer l’aventure par l’image et le son. Les six mêmes poètes retournèrent donc dans leur petit village respectif. Mais cette fois, munis d’une caméra plutôt que d’un stylo. Leur nouveau mandat : revenir avec un court métrage documentant ou accompagnant leur recueil de poésie. Sous les modes du poème documentaire, du road poème, de la lecture de cabinet agrémentée d’images, du film existentialo-poétique ou du film sonore modulé sur des images rythmées, tous les poètes ont proposé des vidéos aussi diversifiés que personnels.
Genèse du projet
Un projet personnel éditorial de Bertrand Laverdure
En juillet 2003, Bertrand Laverdure consacrait une page web à ce qui est maintenant connu et reconnu comme « l’Aventure éditoriale Petits Villages ». La première entrée au weblog était la suivante : La maison de microédition éphémère Les Petits Villages invite des poètes québécois à écrire une courte oeuvre sur un petit village québécois de leur choix.
Celui-ci doit avoir une population de plus ou moins quatre cents habitants et, idéalement, être le moins connu possible. Huit livres seront produits par cette maison d'édition qui se considère éphémère puisque, [une fois] ce nombre atteint, elle fermera ses portes et vendra à un éditeur professionnel la totalité de sa collection pour publier ces huit livres en un seul.
Ce ne sont finalement pas huit, comme prévu, mais bien six recueils d’auteurs qui ont été produits, en plus d’un recueil collectif rassemblant quatorze poètes que cette fabuleuse aventure a conquis et qui ont manifesté le désir de prendre part à l’aventure. Les recueils publiés sont les suivants :
- Collectif, Les Petits Villages, Montréal, Les Petits Villages, 2005.
- DIMANCHE, Thierry, Nous sommes toujours à 93 kilomètres de quelque part (Ruisseau-àrebours–Rivière-à-Claude), Montréal, Les Petits Villages, 2004.
- LAROCHELLE, Corinne, Petite drave (Grandes-Piles et Saint-Roch-de-Mékinac), Montréal, Les Petits Villages, 2004.
- LAVERDURE, Bertrand, L’Homme au stylo gel (Sainte-Rose-du-Nord), Montréal, Les Petits Villages, 2003.
- RIOPEL, Jean-Éric, Taxi dancer (Harrington Harbour et Chevery), Montréal, Les Petits Villages, 2003.
- ROY, André, Traité du paysage (Saint-Joseph-de-la-Rive), Montréal, Les Petits Villages, 2005.
- TURCOTTE, Élise, Diligence (De Pike River à Beebe Plain), Montréal, Les Petits Villages, 2004.
Les courts métrages
Taxi dancer de Jean-Éric Riopel
(Harrington Harbour et Chevery)
« Des poèmes prennent formes à l’occasion d’un voyage sur la Basse-Côte-Nord. On peut voir le relief du village insulaire d’Harrington Harbour et du village côtier de Chevery se muer en paysages intérieurs et en fresque historique, sous l’oeil du poète qui, convié à une solitude exceptionnelle, guide les mots à travers cette terre sauvage ».
Diligence d’Élise Turcotte
(de Pike River à Beebe Plain)
« Poème visuel, Diligence nous entraîne sur les traces d’une voyageuse occupée à cueillir les grains d’un chapelet de hameaux dispersés dans la vallée du Missisquoi. Nous sommes en zone frontalière, entre paysages fixes et routes brumeuses, et nous tissons les fils d’une histoire remplie de fantômes, de vieux cimetières, d’arbres mélancoliques et de mots chevauchant le passé et le présent ».
L’homme au stylo gel de Bertrand Laverdure
(Sainte-Rose-du-Nord)
« Chaque personne est un reportage, chaque gentilé est une métaphore. Il m’a fallu transposer et déchiffrer, ordonner et faire lire la vie et les mythes des Roserains. Trois Amérindiennes ont découvert l’emplacement des trois anses, trois oublis sous la voûte bleue. Sainte-Rose-du-Nord s’appelait La descente des femmes à l’origine. J’ai tenté de renommer le village, de mettre à jour une nouvelle Cité des femmes ».
Nous sommes toujours à 93 km de quelque part de Thierry Dimanche
(Ruisseau-à-Rebours / Rivière-à-Claude)
« Il y eut un recueil à rebours sur les ruisseaux de là-bas, puis il y eut retour à Ruisseau-à-rebours avec une caméra dont on apprendrait à se servir, apprentissage vite voué à devenir fin en soi. Le temps et l’espace eux-mêmes sont souvent des entités maladroites, or il convient de les surprendre en peignoir ou en d’étranges sous-vêtements ».
Petite drave de Corinne Larochelle
(Grandes-Piles et Saint-Roch-de-Mékinac)
« Le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice a cessé en 1996. Petite drave propose un regard poétique sur un métier disparu en associant des images récentes de la région à des images d’archives qui témoignent d’une époque révolue ».
Traité du paysage d’André Roy
(Saint-Joseph-de-la-Rive)
« Saint-Joseph-de-la-Rive, du matin jusqu’au soir. Des rues, des maisons, des arbres, la rive, le fleuve, les bateaux. Puis une voix, celle d’André Roy, qui lit des poèmes extraits de son livre Traité du paysage. Les images à entendre, une voix à voir, et les paysages qui deviennent la matière vive de cette poésie nous permettant de penser le territoire, l’espace québécois ».
Poètes et artistes
-Élise Turcotte est poète, romancière et nouvelliste. Elle a reçu à deux reprises le prix Émile-Nelligan : en 1987 pour La Voix de Carla et en 1989 pour La terre est ici. Elle a obtenu le prix du Gouverneur général du Canada 2003 pour son roman la Maison étrangère, paru chez Leméac. En 2002, elle avait également fait paraître Voyages autour de mon lit à la Courte échelle. C’est Navires de guerre qui a servi de base à son spectacle.
-Thierry Dimanche, né en 1972, écrivain, mycologue et manipulateur sonore en herbe. A publié Le thé dehors aux éditions Triptyque en 2002, Nous sommes toujours à 93 kilomètres de quelque part – Ruisseau-à-rebours (Rivière-à-Claude) aux éditions Les Petits Villages en 2004 et À ceux qui sont dans la tribulation à l’Hexagone en 2004. Voue plusieurs cultes, notamment à Claude Gauvreau qui enseignait à vivre dans la dramaturgie du mot.
-Née à Trois-Rivières en 1973, Corinne Larochelle vit à Montréal où elle enseigne la littérature au collège Maisonneuve. Elle a publié un recueil de récits, Ma nuit est sans épaule (Éditions Les Herbes rouges), et quatre recueils de poésie dont De face, de profil, de dos (Éditions du Noroît) et Petite drave (Les Petits Villages) inspiré d’un séjour en Mauricie. En 2004, elle a été l’instigatrice d’un projet d’édition avec des écrivains cubains et des écrivains québécois ; l’oeuvre réalisée s’intitule El Teatro de las Emociones / Le théâtre des émotions.
-Né en 1967. Poète et journaliste littéraire, Bertrand Laverdure a collaboré à diverses publications : Spirale, Moebius, Lectures, Les écrits, Estuaire, Exit, Liberté, L’Inconvénient, Action poétique, Aube magazine. Il a fondé, en 2003, une maison d’édition éphémère (pas plus de sept livres) : Les Petits Villages. Depuis mai 2002, il travaille à la direction littéraire des éditions Triptyque. Il a reçu le prix Rina-Lasnier 2003 pour son recueil Les forêts (Éditions du Noroît, 2000) (livre également mis en nomination pour le prix Emile-Nelligan 2000). Il a récemment publié Rires (2004) aux éditions du Noroît.
-Poète, Jean-Éric Riopel publie des recueils, des textes en revues, collabore à des projets d’intégrations poétiques et participe à des lectures publiques et à des événements littéraires depuis 1998. Il reçoit le prix Émile-Nelligan pour Papillons réfractaires (1999) en 2000. Il est codirecteur littéraire de la revue de poésie Estuaire.
-André Roy a publié plus de vingt-cinq recueils de poésie, majoritairement aux Herbes rouges. Il s’est mérité le prix du Gouverneur général du Canada 1985 avec Action writing et le Grand Prix de Poésie de la Fondation des Forges 1987 pour L'Accélérateur d'intensité. Son dernier recueil, paru aux Petits Villages en 2005, s’intitule Traité du paysage (Saint-Joseph-de-la-Rive).
-Marc Doucet, concepteur et manipulateur sonore, assumera la manipulation sonore en direct. Marc Doucet est membre fondateur de Rhizome. Il signe la facture sonore de la plupart des spectacles et événements présentés par l’organisme. Ses aptitudes en traitement sonore s’étendent du studio à la salle, de la composition à l’improvisation.
-Jonathan Bélanger, guitariste professionnel. Excellant dans l’improvisation musicale et ayant une réelle sensibilité poétique, Jonathan Bélanger a à maintes reprises performé des ambiances musicales sur des lectures-performances organisé par Rhizome.
Galerie photos
